• Visite au centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation : nos impressions sur le procès Barbie

    Visite au musée de la Résistance et de la Déportation : nos impressions sur le procès de Klaus Barbie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Début février, l'équipe de Deep Impact/Keep Qalam s'est rendue au Musée de la Résistance et de la Déportation de Lyon. Cela a été pour nous l'occasion de revisiter l'Histoire, d'autant plus que l'actualité récente (notamment la profanation d'un cimetière juif à Sarre-Union) nous oblige à nous replonger dans ce passé pas si lointain.
    Cette visite a essentiellement été consacrée, faute de temps, au visionnage du procès de Klaus Barbie, chef SS de la Gestapo à Lyon entre 1942 et 1944 affublé du triste surnom de "Boucher de Lyon". Sous ses ordres eurent lieu des crimes innommables dont celui du résistant Jean Moulin et des enfants d'Izieux pour les plus connus. Il a été jugé en 1987 devant la Cour d'Assises de Lyon.
    Nous nous proposons donc ici de vous faire partager nos impressions sur le vif. A noter que Kamel, le petit frère de Linda nous accompagnait. 

     

     

     

     

     

    Engal : 

    « J'ai toujours eu peur d'être devenu insensible sur le sujet étant donné que j'en entends parler depuis que je suis enfant. Pourtant la cruauté palpable dans les mots de Klaus Barbie m'a fait un réel choc. Face à tant d'accusations, on s’attend à ce qu'il ait des regrets 40 ans après mais il n'y a eu que du déni de sa part. L'impression d'être devant un homme qui a perdu toute notion d'humanité sous prétexte qu'il obéissait aux ordres d'une idéologie douteuse. Obéir est une chose, certes ! Mais à quel prix ?

    On peut bien croire que faire preuve de courage est un acte qui n'est pas à la portée de tous dans une telle situation. Cela doit pourtant rester inconcevable que le racisme et/ou la lâcheté l'emporte sur l'humanité.

    Ce procès ainsi que l'ensemble du musée de la Résistance et de la Déportation m'a fait me poser et me reposer certaines questions. Comment l'Homme en arrive à industrialiser l'humiliation et la mort d'autrui ? 
    Que ce soit dans les camps de concentration, dans le commerce triangulaire et autres, on arrive plus ou moins à reproduire des schémas honteux pour l'humanité. 
    L'une des victimes de Klaus Barbie s'exprimait en disant que notre oubli tuerait une seconde fois ceux qui sont mort dans les camps. J'ai envie de dire que de laisser des actes ségrégationnistes et génocidaires se perpétrer aux quatre coins du monde ( Rwanda, Rohingya, Centre-Afrique, Palestine, Congo-Brazzaville etc...) c'est tuer un nombre incalculable de fois les victimes du IIIème Reich. De même ceux qui accusent les associations, qui luttent pour la reconnaissance de tel crimes, d'avoir un discours victimaire sont les mêmes ou sont au même niveau que ceux qui nient l'existence des camps.

    Il y a encore beaucoup de choses à dire et les questions ne cessent d'affluer. En tout cas regarder dans le passé et dans l'histoire d'autrui permet de mieux analyser sa propre histoire, le présent et anticiper l'avenir.

    Il faut noter que l’équipe Deep Impact/Keep Qalam a été accompagnée d'un collégien. Le procès nous semblait violent pour lui pourtant il faut savoir qu'il n'y a pas d'âge pour apprendre. Il suffit de faire comprendre aux plus jeunes en quoi la prise de conscience sur tous les cas de déchéance humaine est à prendre au sérieux dans le monde auquel ils appartiennent actuellement. »

     

     

    Visite au musée de la Résistance et de la Déportation : nos impressions sur le procès de Klaus Barbie

     

     

    Lydia :

    « Visionnage du procès de Klaus Barbie cuté en 45 minutes. Bon moment. Touchant et qui révèle toute la complexité émotionnelle des individus de l'époque contemporaine.

    Le procès date de 1987 et les témoins et victimes de la barbarie de Klaus Barbie racontent ce qu'ils ont vu et vécu. Ces gens, à l'heure du visionnage sont pour la plupart morts et enterrés dans une tombe. Les apprécier de leur vivant en sachant où ils sont maintenant me touche. On va tous mourir et on a beaucoup tendance à l'oublier tandis que l'on critique, médit et s'auto-congratule.

    C'est un espèce de "voyeurisme" du passé quand je n'étais même pas encore dans l'imaginaire de mes parents. Ce qui est frappant c'est cette insensibilité pragmatique chez le public. Bien sûr l'indignation existe et est exprimée mais ce recul comme quand on regarde un film hollywoodien m'effraie.

    Cette histoire que l'on ne connaît pas entièrement. Celle de la Seconde Guerre Mondiale. On nous enseigne une histoire enjolivée, histoire 2.0, photoshopée. Histoire d'être classe et d'avoir beaucoup de « likes », vous voyez.

    J'ai pleuré et je pleure en constatant les redondances historico-politiques. L'Histoire ne cesse de mettre en exergue des mécanismes et idéologies intemporels et applicables quelque soit la logique établie d'une politique.

    Je veux que vous m'accompagniez revisiter cette histoire afin d'éclairer des esprits amorphes par la volonté politique. On nous avilit à une information erronée, à des raccourcis faussés. Soyez curieux et puis je suis de bonne compagnie. D'une pierre deux coups comme on dit. »

     

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    Mbarka :

     

    « Ma dernière véritable visite au Musée de la Résistance date de ma troisième. Oui, au collège dans les années 90. J'ai 34 ans aujourd'hui . A cette époque nous n'avions pas visionné le procès Barbie (il s'agit d'un condensé de 45 minutes). 
    J'en connaissais certains passages que j'avais vu ou revu dans des documentaires ou des reportages mais il ne restait qu'un grand flou à vrai dire. Et pourtant tout ceci s'est passé à Lyon.

    Mes réactions étaient diverses. Toujours étonnée de la cruauté dont sont capables les hommes et pourtant un regard sur l'actualité internationale laisserait penser que nous y sommes habitués. 
    Les récits des victimes de Klaus Barbie étaient traumatisants à vrai dire. Je défie quiconque de me dire le contraire.

    Étonnement, incompréhension, colère par rapport à l'attitude si peu rédemptrice et décalée de Barbie sont des émotions qui se succèdent. 
    A un moment, durant les témoignages des victimes , la charge est forte. Nos yeux se mouillent mais nous n'osons pas nous regarder les uns les autres. 
    A un moment, je m'inquiète pour le petit frère de l'une d'entre nous venu nous accompagner car les témoignages sont choquants en soi. Le poids des mots sans le choc des photos. Je me tourne donc vers Linda qui, je le vois bien a les yeux embués, tandis que je sèche une larme qui s'est échappée de mon œil malgré mes efforts. Le petit frère va bien. De toute façon nous avons prévu un débriefing après le visionnage...

    C'est arrivé ici et il n'y a pas si longtemps que ça. Depuis l'être humain ne s'est pas tant amélioré je trouve. »

     

                                                                                                                            

     

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    Kamel , 12 ans :

     

    "J'ai trouvé ça horrible ce qu'il a fait à ces personnes... Sa famille doit avoir honte de lui. Les pauvres victimes ...ça doit être dur pour eux de vivre. J'ai bien aimé regarder mais c'était long quand même et je voulais faire des activités... Heureusement que ça n'existe plus aujourd'hui .

    C'est bien de voir ce qui s'est passé avant, je savais pas que c'était comme ça."

     

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    Hadia :

    « Ce procès a été très déstabilisant. Cet homme l'est tout autant. Comment peut-il arriver à se regarder dans une glace, comment peut-il marcher la tête haute ? Comment peut-il esquisser un sourire quand il entend de la bouche des témoins les horreurs qu'il a lui-même commis ? Comment peut-il vivre ? Comment l'être humain peut-il avoir ce tel degré d'inconscience, d'ignorance, de sauvagerie ? J 'ai vraiment été déstabilisés par cet homme, par le témoignage des rescapés et par l'atrocité des événements décrits... Inimaginable, comment, nous, Français, Lyonnais, jeunes de 20 ans, peut-on imaginer telles atrocités ? Oui, le devoir de mémoire est important, on ne peut certes pas se souvenir de choses que l'on n'a pas vécu mais apprendre du passé et ne pas commettre les mêmes erreurs. Aujourd'hui, je me rends bien compte que ce devoir de mémoire et balayé d'un coup de revers par certains, sous couvert de légitime défense. Dans 10, 20 ou 30 ans que dirons-nous ? Comment pourra t-on se justifier ? Tout se sait, mais tout ne se dit pas, et c'est bien ça le problème... » 

                                                                                                                                   

    Visite au musée de la Résistance et de la Déportation : nos impressions sur le procès de Klaus Barbie

     

     

     

    Linda : 

    « Des années ont passé depuis les événements tragiques de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, cette histoire imprègne encore profondément notre société. Dimanche 1 Février 2015, mes chers compères et moi sommes allés au musée de la Résistance et de la Déportation afin de visionner le procès de Klaus Barbie. Nikolaus Barbie est né à Bad Godesberg, le 25 octobre 1913 et il est mort à Lyon, le 25 septembre 1991. Il a été le chef de la section IV (SIPO-SD) dans les services de la police de sûreté allemande basée à Lyon. Après trente-six jours d'audience, six heures et demie d'attente, en pleine nuit, à 0h40, le verdict tombe : Barbie est déclaré coupable et il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité ! Une à une, les victimes de Barbie, passaient et témoignaient de la torture qu’elles avaient vécu. Je n'arrivais pas à croire ce que je voyais. Chaque victime parlait, racontait son histoire, des histoires plus émouvantes les unes que les autres et j’étais là, impuissante, spectatrice.

     

    Comment se retenir émotionnellement parlant face à cette tragédie ? Ces témoignages de résistants et de déportés étaient touchants, bouleversants, révélateurs, poignants et instructifs. Triste et tragique destin pour ces victimes. La souffrance et la douleur ne sont pas des sujets que l’on évoque facilement et pourtant les témoignages étaient là. J’admire le courage de ces victimes. Je les admire d’avoir témoigné, d’avoir été capables malgré leur vécu tragique de dénoncer l’horreur qu’ils ont vécu , de laisser dans nos mémoires , nous jeune public , la réalité de l’histoire, de ce qu’il s’est réellement passé .

     

    Et je regrette de ne pas avoir vu ce procès auparavant. Je regrette car ce procès m’a beaucoup appris.Je regrette parce que désormais je sais ce qu’il s’est passé. Je regrette parce que je sais maintenant qui était vraiment cet homme. C’est un bagage culturel sensé être partagé par tous et connu du public. Nous devons connaître et apprendre notre passé pour construire l’avenir. Un passage du procès m’a complètement déstabilisée : Barbie est ramené à l'audience le 3 juillet 1987. Le président Cerdini l'interroge une dernière fois : " Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ? La seule chose que Barbie ait trouvé à dire pour sa défense est la suivante: " J'ai combattu la Résistance que je respecte avec dureté. Mais c'était la guerre, et la guerre est finie. " Ses victimes ont tellement souffert et elles n’ont même pas eu l’ombre d’un aveu pour avancer dans leur vie.

     

    Aux âmes courageuses qui ont tant souffert ! »

     

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